La Hereford Une race étrangère pour gagner en qualité de vie
Populaire de par le monde, en pur ou en croisé, la race Hereford est peu représentée en France. La centaine d'éleveurs qui l'ont adoptée mettent en avant sa facilité d'élevage. Fini pour eux les césariennes en pleine nuit, la race britannique est un moyen d'améliorer leur qualité de vie et de répondre aux aspirations des nouvelles générations.
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Faire le choix de la Hereford, c'est tout d'abord opter pour des vaches faciles à vivre, nous confient les éleveurs à l'occasion de la convention européenne Hereford au Sommet de l'élevage. « La Hereford, c'est la vache qu'il vous faut si vous voulez garder vos épouses ! » lance un brin provocateur Arnaud Kubiaczyk, qui a troqué ses 70 Charolaises en système naisseur pour 50 Herefords, qu'il engraisse maintenant. « Dans le temps, on ne se posait pas la question de savoir c'était normal de se lever la nuit pour faire vêler une vache mais aujourd’hui, les temps ont changé. Les éleveurs ont des épouses qui travaillent à l'extérieur, des enfants à s'occuper, la société change et ils ont envie de vivre comme tout le monde ! »
La Hereford, une vache pour garder votre femme
En Hereford, les vêlages difficiles se font rares. Parmi les 1 103 animaux inscrits en contrôle de performance, 91 % des vêlages se sont déroulés sans aide tous rangs de vêlages confondus. On ne retrouve que 2 % de vêlages difficiles, et 1 % de césariennes. (À noter que du fait du faible effectif de la race, ces données ne peuvent pas être considérées comme moyenne raciale).
« En vêlages groupés avec des génisses Charolaises, j’ai fait une nuit avec 9 vêlages, dont des césariennes » nous confie une éleveuse sur le stand de la race. C'est ce qui l'a convaincue à opter pour une race rustique. « Entre la génétique et les frais vétérinaires, on travaillait pour faire vivre les gens autour. Avec la Hereford, on cherche à capter la valeur ajoutée, et tant qu'à faire, éviter de se lever la nuit ! »
Penser la production de viande autrement
Si les éleveurs laitiers cherchent généralement à produire un maximum de lait par jour de vie, pour Pascal Bastien, éleveur et président de l'OS Hereford France, « la logique pour nous serait de produire un maximum de viande par jour de vie. Et pour atteindre cet objectif, mieux vaut des animaux plus petits, mais qui font leur premier veau jeune, et qui retombent rapidement en chaleur », scande l'éleveur qui travaille le vêlage deux ans avec ses 130 mères Herefords. Avec cette race, il est possible de faire vêler les génisses à un poids de 350 à 400 kg.
« Si l’on fait de la Hereford, on ne cherche pas des croissances rapides, on cherche des croissances modérées et économiques » ajoute Pascal Bastien. En effet, les carcasses de bœuf Hereford présentent des poids de 350 à 370 kg à 24-30 mois, mais la race est peu exigeante. Les vaches de Pascal Bastien sont engraissées à l'herbe l'été, et avec une ration constituée d'enrubannage d'herbe et de paille à l'hiver. Pas de complémentation ; en cas de sécheresse, elles n'ont que de la paille d'orge de printemps en complément du pâturage. « Elles se suffisent de peu, commente l'éleveur, elles perdent un peu en gras, mais se refont généralement en trois semaines à l'automne à la reprise de la pousse d'herbe. » La viande de Hereford a également l'avantage de rougir assez vite, ce qui rend possible la finition de bœufs et génisses à partir de 18 mois.
La Hereford dans l'ombre de l'Angus
Les débouchés sont cependant difficiles à trouver pour cette race qui peine à s'imposer sur le marché français. Aujourd’hui, beaucoup de producteurs la valorisent via la vente directe ou la restauration, mais difficile de passer par les voies traditionnelles. « On voit que les maquignons ne connaissent pas la race. Ils ne proposent pas un prix à la hauteur. Notre objectif est de valoriser les animaux à un peu plus de 6 € le kg de carcasse pour les jeunes vaches, génisses voire des bœufs. Les marchands proposent généralement des prix semblables à ceux des animaux croisés. »
Mais Pascal Bastien ne désespère pas de faire connaître sa filière. La race Hereford a notamment déposé la marque Perle de prairie pour valoriser sa viande. « Je pense qu'il y a un marché pour ce genre de produit de qualité. Aujourd'hui, c'est plus facile de vendre une côte de bœuf de 800 g à 40 € le kilo qu'une pièce de 1,8 kg moins chère. » La Hereford est une vraie pâtureuse qui propose des petites carcasses, ce qui sur le papier répond aux attentes des consommateurs. Preuve en est avec le développement de la filière Angus : « on est à peu près sur le même type d'animaux et de qualité de viande. Ce sont deux races cousines. »
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